Bernd Lohaus Stichting: 2017

Bernd Lohaus Prize 2017 awarded to Marc Rossignol

In considering the recipient of the Prize Bernd Lohaus, only the artistic qualities of an oeuvre are taken into account, not the artist’s age or the medium in which he or she works. Anny De Decker, Stella Lohaus and last year’s winner Wifried Huet chose four artists who had particularly attracted their attention in the previous year. Subsequently, Phillip Van den Bossche was asked to visit the artists and then to indicate the laureate. He has awarded the prize to Marc Rossignol.

Phillip Van den Bossche, Marc Rossignol, 2017

(excerpt from the speech at the opening, November 2017, by Phillip Van den Bossche, directeur Mu.ZEE, Oostende)

“Deze zinnen over Marc Rossignol’s artistieke praktijk vormen niet meer dan een begin, alsof zijn kunstwerken uitnodigen om een nieuw gebied van de wereld op te zoeken. Een nieuw gebied dat bovendien verre van onbekend is, maar door de tijd en de manier waarop beeldende kunst zich heeft ontwikkeld, wel vergeten. Van het laatste schilderij van een kunstenaar terug naar een begin, van een eindpunt naar een startpunt: onderweg vinden we de kunstgeschiedenis, de geschiedenis van de representatie, de autonomie van het geschilderde tegenover datgene wat het representeert, maar ook de rite, de handeling, het orale, woord en beeld, wereld en mens.

Stileren, in vorm brengen, is de basis van het menselijk bewustzijn en het beginpunt van geschiedenis. Geschiedenis gaat altijd over patronen. Ik parafraseer hier de woorden van de schrijver en jazzcriticus Albert Murray. Ze brengen me terug naar Marc Rossignol, hoe hij een performance benadert als de overgang van ritueel naar kunst. Het spel en de mens. Het ritueel visualiseert de metafoor. Doen deze woorden duizelen? “Once you get into art, you are into vertigo.” Marc Albert Murray Rossignol. Albert Marc Rossignol Murray. De wereld is een schilderij.

Het duizelen komt niet uit de lucht vallen, en misschien verwonderlijk, het gebruik van dit woord heeft niet zozeer met het kijken naar de schilderijen van Marc Rossignol te maken. Of nog beter, het betreft hier niet een effect of een gevolg van het kijken. Van kunst terug naar ritueel, dat komt meer in de buurt. De verbinding tussen kunst maken en de oorsprong van rituelen is nog een andere manier om deze gedachtegang verder te zetten.
Wat als we kunst (opnieuw) benaderen vanuit een meer antropologische (en daarom nog niet een eenzijdige westerse visie)? Albert Murray is hier opnieuw aan het woord: “Another more anthropological definition of art is an elegant extension, celebration, and refinement of the rituals which re-enact survival technology. When you look at a painting, what you see is a stylization, but it is also a visual or plastic re-enactment of a ritual, and a ritual is a ceremonial re-enactment of some aspect of the basic survival techniques of a given cultural configuration, which may be an aboriginal tribe or a very highly developed nation, a subcontinent, or even a whole continent.”

‘Re-enactment’ is de laatste jaren een modieuze term geworden. Murray verwijst niet alleen naar een performatief aspect, maar legt de nadruk op het opnieuw creëren, presenteren en produceren. Van ritueel naar een speelse manier van opnieuw creëren, inclusief improvisatie, persoonlijke keuzes voor bepaalde stijlvormen en elegantie. Ik cirkel nog altijd rond het spel, betekenis geven aan regels, het raffinement van opties in het oeuvre van de laureaat van de Prijs Bernd Lohaus.

Édouard Marc Glissant Rossignol. “Une nouvelle région du monde” is de titel van een boek van Édouard Glissant. Marc Rossignol heeft het me enkele weken terug in de handen gestopt – inclusief een verwijzing naar bepaalde passages en bladzijden: Marc Édouard Rossignol Glisssant. “Le langage dessine et colorie d’abord, et récite ensuite”, lees ik op pagina 31. Glissant verhaalt over de oorsprong van taal én van het schilderij, hoe elk boek en elk schilderij of representatie, zichzelf oplegt om, in het onderweg zijn, het moment te nemen en te verrassen: “Le tableau, le tableau peint, est (…) un isolat, une halte, une citation de détails, dont on sélectionne volontiers le détail, et c’est tant pis pour la synthèse éclairante (…).”
De wereld is een representatie, is een schilderij. Laten we dan terug de duizeling van ontelbare lichtvariaties, de schaduwwerking in grotten, het ritme en de chaos van het universum, met zijn moleculaire structuren en energiebronnen, opzoeken. De anonimiteit van een verloren tijd, verenigt in diversiteit en meervoudigheid, brengt ons misschien naar een nieuw gebied, “voir une esthétique nouvelle, celle peut-être de l’autre région du monde que voici là, tout ici.”


Marc Rossignol, installation view Brussels, 2017


Dans l’exposition de l’institut de carton, M.Rossignol relie la dernière oeuvre de Monet à un Kolam indien.

”Lorsque Monet vers 1890-93 conçoit son jardin d’eau qui est lui-même dans sa structure spatiale et son caractère de microcosme, la préfiguration de la décoration à venir,(Les nymphéas de l’Orangerie), il ne se satisfait plus depuis une dizaine d’ années, de la vision purement rétinienne. Il aspire à une représentation qui incorporerait à l’expérience visuelle celle de la durée, et au-delà, la totalité de l’expérience vécue, par les yeux, par tous les sens, par le mouvement, par la sensibilité subjective, l’intuition, les” données immédiates de la conscience”… Pierre Georgel

La “grande machine” de Monet est composée de peintures agencées en continu sur deux ellipses voisines dessinant au sol le signe de l’infini.

Rossignol étudie dans cette exposition la dernière œuvre de Monet, sa conception, ses couleurs et un kolam, un dessin que les femmes tracent dans le sud de l’Inde devant leurs portes, au sol avec de la farine de riz pour conjurer le mauvais sort. Celui qu’il a choisi est un tracé continu et monolinéaire.

Ce kolam dessine une fleur de lotus, un miracle de beauté issu de la fange. On trace ce dessin à partir d’une grille de 40 points équidistants inscrits sur les deux médianes et les deux diagonales d’un carré. Les indiennes tracent une ligne qui passe une et une seule fois par chaque point et cette ligne se termine là où elle a commencé.
Cette grille et ce principe n’offre pas que la seule possibilité utilisée par les indiennes. Rossignol a dénombré 24 tracés possibles, 12 et 12 qui sont les symétriques des 12 premiers.

Il trace d’une main une possibilité et de l’autre il trace la symétrique. Il obtient ainsi 12 figures qu’il a classées par ordre de grandeur algébrique, par ordre de grandeur de la surface occupée, par ordre de grandeur du cœur des figures. Ces classements ne coïncident pas. D’un classement par constat, il est passé à un classement dynamique, subjectif, organique, en attribuant à partir des classements préliminaires chacune des 12 figures à un mois de l’année. Ces tracés à deux mains lui permettent de capter d’enregistrer la « respiration » de l’univers.

« Intégrer le Temps dans la représentation spatiale a toujours été une préoccupation plus ou moins consciente des artistes chinois classiques, dans la mesure où la visée de leur pratique n’était pas tant de fixer quelque site (ou scène) privilégié que de créer un microcosme organique correspondant au macrocosme du Tao, et dans lequel il leur importait d’imiter plus que le monde créé, le geste même de la Création. À la base de leur pratique résidait une conception organiciste de l’univers où les souffles vitaux étaient censés relier tous les êtres et leurs agirs dans un chou-liu (circulation universelle) comportant d’incessantes transformations internes, comme une sorte de cosmogénèse continue au sein de laquelle le Temps ne serait autre que l’Espace en mutation, et l’ Espace le Temps momentanément en repos. »
François Cheng

L’auteur du Lun Heng disait qu’on ne saurait tracer simultanément un carré et un rond, tout comme on ne saurait regarder en même temps à droite et à gauche. Cette affirmation ne s’applique pas à l’art pictural où il faut justement que l’artiste soit capable de tracer un carré en pensant au rond, de peindre la partie gauche (d’un tableau) sans quitter des yeux celle de droite. C’est ainsi que procède d’ailleurs la Création dans son œuvre ; le peintre est invité à faire de même dans son tableau. Yun Shou-p’ing (dynastie Ts’ing) .

« La diversité pour nous est la façon unique et innombrable de figurer le monde et de rallier ses peuplants, sa multiplicité est le principe en effet de son unité ». « … Le réel désormais cahote aux chaos de l’étant, c’est à dire pour nous de l’inexprimable. L’affaire est d’exprimer l’inexprimable ». « …Une tentative moderne et disséminée et insue et désespérée d’établir cette liaison magnétique, dont nous avons toujours la hantise ». E.Glissant

Marc Rossignol, 2017 Marc Rossignol, Anny De Decker, 2017